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Équiper contre l'intimidation

L’intimidation peut se définir de plusieurs façons selon le milieu dans lequel elle est exercée.  L’office québécois de la langue française la définit comme une forme de violence sociale surtout observée en milieu scolaire, caractérisée par la domination d’un individu sur un autre au moyen d’actes répétés d’agression verbale, physique ou psychologique à son endroit. La définition en soi semble évoquer un processus évolutif dans l’intimidation, qui commence généralement par des agressions verbales, puis si elle n’est pas interrompue, elle se poursuit par des agressions physiques et à la longue elle finit par causer des dommages psychologiques importants comme la perte de l’estime de soi, la dépression et dès fois même le suicide. Ce caractère graduel et répétitif amène à se poser la question de savoir s’il existe des éléments susceptibles d’entretenir l’intimidation comme un feu, qui au fur et à mesure qu’il est nourri, prend de l’ampleur; et si la réponse à cette question est positive, il ne resterait qu’à se demander comment peut-on intervenir sur ces éléments nourrissants de l’intimidation. Pour répondre à cette question, il faut se positionner à l’origine de l’intimidation, comment commence t-elle? Un jeune décide pour une raison ou une autre de s’en prendre à un de ses pairs, en se moquant de lui. Ce jeune qui a décidé de se moquer de son camarade n’est pas encore un intimidateur, mais tout dépendant de son milieu de vie, de son équilibre émotionnel et surtout de comment réagit sa victime, il peut le devenir, dans le sens qu’il peut choisir d’adopter graduellement et de façon constante un comportement agressif avec son camarade.

Toute personne peut être victime d'intimidation cependant tout le monde ne va pas y réagir de la même façon à cause de son équilibre émotionnel. Selon de nombreux auteurs, une victime d’intimidation scolaire possède certaines caractéristiques qui la rendent plus susceptible d’être prise pour cible. Nancy Doyon qui est un coach familial et une éducatrice spécialisée a identifié quatre catégories d’enfants qui sont souvent pris pour cible par les intimidateurs : les enfants différents, les enfants qui présentent des lacunes au niveau des habiletés sociales, les enfants provenant de milieux familiaux non facilitant et les enfants qui réagissent de façon inappropriée aux plaisanteries. Un enfant provenant d’un milieu non facilitant est un enfant qui vient d’un milieu familial dans lequel on ne l’a pas appris à bâtir un bon équilibre émotionnel, une intelligence émotive qui lui permettrait de vivre en harmonie avec ses pairs; cela peut être parce que ses parents n’ont pas de bonnes habiletés parentales ou tout simplement parce qu’ils sont absents. Quoi qu’il en soit, le point commun que peut avoir ces enfants est le fait que leur situation particulière les rende vulnérables émotionnellement et par conséquent en font des proies. 

Et la victime n'est pas la seule affectée par l’intimidation qui est devenu un phénomène de société. Chaque semaine on peut attendre aux nouvelles l’histoire d’un jeune, d’un parent, d’un enseignant qui crie à l’aide parce qu’ils sont désemparés par cette situation et on a l’impression que tout le monde cherche la bonne façon de s’immiscer dans cette relation malsaine entre l’intimidateur et l’intimidé. L’école, qui est la première concernée parce que l’intimidation a souvent lieu en son sein, ne sait pas toujours comment se positionner : elle lutte pour trouver un équilibre entre « trop intervenir » et « pas assez intervenir »; les parents ne savent pas s’ils devraient surprotéger leurs enfants ou carrément confronter directement l’intimidateur ou sa famille. Il est donc nécessaire de mettre sur pied des plans d'interventions qui fournissent une réponse à ce cri en donnant les moyens à la victime actuelle ou potentielle de développer son intelligence émotionnelle grâce à divers outils pour résister à l'intimidation et ainsi y mettre fin.